Le conteur
Chyc Polhit MAMFOUMBI a grandi à Moanda, une petite ville minière au sud du Gabon dans la région du Haut Ogooué. Son père et de l’ethnie « Punu » tandis que sa mère est « Nzabi » du clan des « Bouyoba». Fait étrange dans un mariage de deux ethnies matriarcales, Chyc a gardé le nom d’un de ses aïeuls paternels : MAMFOUMBI, ce qui signifie en langue « Punu » : le corps que l’on pleure.
C’est une définition très élogieuse car en effet, dans la plupart des rituels animistes du Gabon, la mort et le mort occupent une place centrale. L’allégeance aux ancêtres constitue pour la quasi-totalité des tribus, depuis toujours le fondement même du dogme cathartique.
Les récits oraux, les contes et les paroles de sagesse de ces
« mamfoumbis » – ancêtres – sont parvenus jusqu’à lui intacts et chargés de leur poids symbolique. Son identité est donc intimement liée à cette fonction de conteur qui consiste à prolonger la mémoire de ces morts dans nos vies bien artificielles.
Pour commencer, conteur, ce n’est pas un métier là d’où je viens. En effet, au Gabon, les contes sont les réservoirs de nos savoirs ancestraux. C’est notre « oraliture ». Tout le monde est donc un conteur en puissance en quelque sorte. J’ai pourtant réellement goûté à l’esthétique des contes à l’école, avec les histoires exotiques de Chat Botté et autres fantasques personnages sortis des imageries d’Épinal. Je m’étais d’ailleurs à cette époque promis de me rendre un jour dans cette ville qui avait tant nourri mon imaginaire de ces formes ludiques colorées…À l’âge de 20 ans j’ai enfin fait le saut : 6h00 d’avion, 4 heures de train et me voici dans les Vosges, dans la fameuse petite ville d’Épinal. Après quelques études prosaïques dans les domaines des techniques d’industrialisation et de l’informatique, je me suis risqué à partager dans les MJC les quelques timides contes de mon enfance que j’enrobais de poésie. L’éclaboussure mirifique fut jouissive pour moi et le public revint chaque fois un peu plus nombreux. Je compris à ce moment-là que cet art naïf de chez moi, pour peu que j’ose le métisser avec les relents sensibles d’ici, avait tant à nous dire sur nous, sur nos humanités…C’est dans les MAS et dans les IME auprès d’enfants porteurs de troubles autistiques que je saisi toute la puissance cathartique de cet objet de l’esprit. De métissage en métissage, j’ai sur les chemins de l’autre, esthétisé mon univers gabonais avec ce que la culture d’ici avait de bon. Sans jamais céder aux facilités folkloriques, bannissant les clichés attendus, j’ai jeté sans cesse des ponts vers la danse dans un premier temps, puis vers la musique classique. C’est par ces chemins hasardeux ça que je suis venu à mêler les paroles puissantes de mes ancêtres aux « soyottes » entrainantes de nos ancêtres fameux « les gaulois ».
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